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Interview avec Boaz Goldberg,

Journaliste, musicien et réalisateur de "Tomorrow's Gone"

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Charlie Megira

(Courtesy of Numero Group)

Gabriel Abudraham, mid 90'

(Photo by Noam Wind)

Burning of the Beatles records in Waycross Georgia (1966)

The Fuzztones,

live in Tel Aviv (1992)

Daevid Allen in 1974

Small Faces,

Sha la la la lee (1966)

The "Glory Nights thrilling hits Volume 1" tape cover (1996)

Blur (1997)

"A way of life" tape by Suicide, 1988

The Cramps,

Big Beat from Badsville poster (1997) 

Charlie Megira during a show

(early 2000)

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Headless Elvis action figure (Tomorrow's Gone)

Le premier morceau de Charlie Megira que j’ai jamais entendu était “Tomorrow’s Gone”. j’ai tout de suite compris que quelque chose d’important était en train de se passer. J’ai enchaîné avec “The Girl who was Frightened of Ashtrays”, et quelques jours plus tard, j’avais écouté absolument tout ce que je pouvais trouver signé Charlie Megira.

 

Mais je voulais en savoir plus sur ce mystérieux greaser Israélien, et internet ne m’apportait pas les réponses dont j’avais besoin. Jusqu’au jour où je vis qu’un documentaire était en production. Après l’avoir vu durant le “Tokyo Lift Off Online Festival”, je suis entré en contacte avec son réalisateur, Boaz Goldberg, qui était également l’ami de Charlie dans les années 1990 (ils ont écrit leurs premières chansons ensemble).
 

Cet échange était pour moi l’occasion d’en apprendre plus sur la légende de Charlie Megira et le documentaire, sur Boaz, la jeunesse Israélienne dans les années 2000 et son contexte musical.

 

(Note : Je ne suis pas journaliste professionnel, ceci est une conversation que j’ai eu avec Mr.Goldberg que j’ai retranscrit sous forme d’interview)

"J'ai senti que nous parlions

le même langage"

Val : Quelle était votre approche matérielle, technique, lorsque vous avez commencé à filmer ?

 

Boaz : Mes connaissances avec les caméras et leur fonctionnement m'ont beaucoup aidé. Il y a bien sûr la partie visuelle, le contrôle de la lumière avec la durée d'exposition, etc.

Et puis il était important que Charlie voie que je savais ce que je faisais.

Je pense que le succès de l’interview principale du documentaire est dû à deux choses :

 

1. Tu peux sentir le lien intime entre Charlie et moi. On voyait les choses de la même façon. Par exemple, on partageait la théorie que Syd Barrett n'est jamais devenu fou. Il a simplement brisé le cœur de ses fans en se retirant du business et a dit "stop" aux médias. Nous pensions que les médias, même inconsciemment, ne lui auraient jamais pardonné sa retraite en publiant des articles puérils à son sujet.

Le batteur des Brian Jonestown Massacre, le plus jeune du groupe en 2012, voulait me tuer pour cette Théorie !

 

2. Charlie me voyait comme un professionnel. Lorsque nous nous sommes rencontrés lui et moi, en 1995, j'organisais déjà les Glory Nights (avec mes partenaires Dan Shadur et Dana Kessler), et jouais de la basse dans Cnaque/Pop, que Charlie adorait. A cette époque, lui était dans un petit groupe qui s'appelait “The Schnek". Bien sûr, il était déjà très charmant, mais aussi terriblement timide et jouait de la guitare à la manière d'un shoegazer (visuellement).

Voilà les deux raisons pour lesquelles cette interview a aussi bien fonctionné et est si importante dans le film. Je me suis également occupé de monter le film.

 "Les gens cools trouvent toujours

un moyen de s'exprimer"

 

V : Le Rock'n'Roll était-il facile à trouver en Israël à l'époque ? Était-ce censuré d'une certaine manière ?

 

B : Je ne crois pas que le Rock'n'roll était plus censuré en Israël qu'ailleurs. Il y a des gens cools et visionnaires partout. Seulement, si aujourd'hui il y a une petite scène Rock, à l'époque elle était minuscule. Certes, il y a eu cette fameuse histoire d'un ministre Israelien qui a empêché les Beatles de venir jouer à Tel Aviv ; c'est bien arrivé. Mais c'était au milieu des années 60' : à l'époque où le courant politique Israélien était plus orienté socialiste. Rien d'aussi poussé que l'URSS, mais il y avait tout de même des idées anti-capitalisme occidentales. Tous les mouvements ont de bons et de mauvais côtés.

 

Cependant, n'oublions pas que, aux Etats-Unis, les partis conservateurs et certaines églises chrétiennes interdisent le Rock'n'roll, ou la “musique du diable" comme ils l'appelaient dans les années 50’. Dire qu'il n'y avait pas de Rock'n'Roll en Israël dans les années 50 et 60 n'est pas vrai. Il y avait des beatniks, des greasers etc. Les gens cool trouvent toujours un moyen d'expression. Même dans les "chain gang", comme disait Charlie. On ne peut pas tuer une idée. Je suis sûr qu'il y a une scène underground en Corée du Nord !

V : Comment était votre enfance ? Et comment avez-vous été introduit à la musique (et au Rock'n'Roll) ? Aussi, est-ce que le rock Israélien des années 60' était une référence à l'époque ?

 

B : Je suis né en 1974. Mon enfance était remplie de football et d'Europop. Je jouais au foot durant des heures dans le voisinage. Etant petit, j'aimais les chansons romantiques telles que « Purple Rain » de Prince, et j'étais fan d'Eurotrash comme les Modern Talking, etc.

 

Puis en 1987, ma sœur aînée m'a montré The Wall. Je n'avais que 13 ans et j'étais boulversé. Le fait de pouvoir prolonger un clip jusqu’à 90 minutes, le remplir de texte et donner lieu à une longue séquence émotionnelle et musicale, avec du cœur, était pour moi quelque chose de profond, de fascinant.

Puis j’ai découvert Syd Barrett, Jethro Tull, Genesis, Hammill’s Van Der Graad. Lorsque les Fuzztones ont joué à Tel Aviv en 1992, ça m’a bouleversé. Depuis, j’ai plongé dans le Garage, Mod, Punk, Hardcore, Noise, Glam, Indie, New Wave, etc…

 

Si le rock des 60’ était une référence à ce moment ? Je ne pense pas. Bien sûr il y avait de grands groupes comme The High Window et The Churchills, mais je pense qu’à l’époque les groupes comme Rami Fortis and the Clique étaient plus influents.

V : Qu’est-ce qui vous a poussé à faire des films ? Avez-vous toujours voulu être réalisateur de documentaire ?

 

B : Autour de 1996, j’avais un ami qui était dingue des XXX (d’easy listening, il n’y a pas de traduction en Français pour ce genre de musique) des années 60’. Ensemble on a commencé à faire des essais avec des caméras 8mm et des Video Camera. J’ai étudié le cinéma à la fin des 90’. A ce moment,  je sentais qu’il était trop tôt pour que je me lance dans la réalisation. J’avais environ 25 ans et je ne pouvais gérer le stress qu'implique la gestion d’acteurs et tout ça. Les documentaires en revanche me convenaient bien mieux. Être comme une mouche sur un mur, l’image me plaisait. Pour moi, le plus important dans le Documentaire, c’est d’ériger quelque chose d’artistique XXX dans la solitude. J’adore ça. Est-ce que je ferai un jour une œuvre fictionnelle ? J’espère, mais seulement après d’autres films docu.

V : Avez-vous une idée de vos futurs projets ?

 

B : Je pourrais réécrire un documentaire musical, mais je pense avoir déjà rendu hommage à Charlie Megira ainsi qu’à la scène locale en général. Je rêve de faire un documentaire sur Dan Treacy de Television Personalities, qui est l’un de mes héros. Lui ainsi que Nikki Sudden, Johnny Thunders, Dave Vanian, Lou Reed, Deavid Allen… Malheureusement, il a dû prendre sa retraite après un accident vasculaire cérébral des suites d’une mauvaise opération du cerveau. Il est toujours en vie, mais personne ne sait vraiment comment il va.

 

Hors du champ musical, j’aimerais beaucoup faire un film sur Ran, l’un de mes amis. Il se trouve qu’il a un frère jumeau qui vit à Berlin. Personne ne l’a jamais vu et les deux frères ne se sont pas parlé depuis 1997. Est-ce qu’ils se reparleront un jour ? Quels seraient leurs premiers mots ?

 

Sinon, j’aimerais faire un documentaire sur une ligue de football en salle qui a eu son heure de gloire aux Etats-Unis dans les années 80, la M.I.S.L. En 1985, j’ai passé une année à San Diego, en Californie, j’avais 12 ans. Il n'y avait que du football d’intérieur à l’époque aux USA. Je suis devenu un grand fan des San Diego Sockers. La ligue s’est éteinte en 1992. 

En 2011, j’avais écrit un billet sur cette équipe dans le journal HAARETZ.

 

J’ai aussi dans l’idée de faire un documentaire sur une équipe locale dont j’étais fan dans les années 80, les Beitar Tel Aviv, en y décrivant le contexte culturel et politique de mon père et pourquoi elle a complètement disparue. Mon père est un professeur de science et politique et possède une vision intéressante de la société, c’est aussi grâce à lui que je suis un grand fan des Beitar Tel Aviv. J’ai même commencé à chercher de vieux enregistrements vidéo des années 80 et 90, j’ai demandé des informations aux anciens joueurs… Pour le moment, ça ne donne rien.

V : A l’époque des Glory Nights, vous aviez des petits boulots ou encore des études ?

Ça a l’air d’être quelque chose d’assez conséquent à gérer. Qu’est-ce que ça fait, pour une poignée de jeunes d’avoir cette petite révolution entre les mains ?

 

B : Les Glory nights ont duré de 1995 à 1997. Un vrai rêve devenu réalité. Et c’était avant l’ère d’internet, alors les gens adoraient mes sets de DJ, et je n’avais que 22 ans. C’était quelque chose de très complet, et mon seul boulot à l’époque. Même si la paie était répartie entre le gérant du club et mes deux partenaires, j’avais toujours assez d’argent pour vivre dans le centre de Tel Aviv, acheter des disques et de la MDMA ! Qu’est-ce que ça fait d’avoir une révolution dans les mains ? Très franchement, quand les Glory nights se sont arrêtés, j’ai fait une longue crise de personnalité. J’ai mis 3 ou 4 ans pour me retrouver.

V : Pendant ces deux ans, quel genre de musique il y avait dans vos DJ-sets ? 

 

B : Pendant les Glory Nights, je jouais beaucoup de groupes anglais “Mod”(The Small Faces, The Kinks, The Who, et des groupes plus obscurs), des groupes garages des années 60 (The Seeds, Question Mark and the Mysterians, etc.), beaucoup de funk et de Soul (Keb Darge’s Rare Groove style, Exotic Soundtracks, des sons du label KPM, les enregistrements “In-Flight entertainment”,  etc…), des groupes indépendants anglais (The Fall), Madchester (Happy Mondays, Inspiral Carpets), de la Britpop et néo mod (Menswear, The Weekenders, Pulp, Supergrass), un peu de New Wave et Second Wave (The Jam), Neo-Romantic (Adam Ant), du Punk New Yorkais (Blondie, Ramones), du Glam (T-Rex, Bowie). Je crois que c’était la recette, il y avait une vibe assez unique.

 

C’était plus éclectique que les soirées Mod Londoniennes de l’époque (“Blow Up” par exemple). Ils passaient surtout de la Northern-Soul, nous étions bien plus éclectiques et Rock’n’Roll.

V : Y avait-il une playlist type lors de vos sets ?

 

B : Je n’ai jamais travaillé avec une playlist. L’idée était de sentir la foule. Tu peux choisir ton prochain morceau même 30 secondes avant la fin du précédent, à l’instinct. Je n’ai jamais enregistré l’un de mes Dj-set, mais pour le premier anniversaire des Glory Nights en 1996, on avait fait une cassette de 16 pistes qu’on passait souvent à l’époque. Ça ne retranscrit pas l’ambiance d’un set, mais ça donne une idée de l’ambiance qu’il y avait. Ça s'appelait “Glory Nights, thrilling Volume 1”.

V : Comment avez-vous procédé pour faire cette cassette ? Vous l’avez “fait maison” ?

 

B : Haha, c’était en 1996, on est allés voir un ingénieur du son qui nous a fait un master CD à partir des enregistrements qu’on lui a filés. Ensuite, à partir de ce master CD, on est allés dans une usine de cassette pour en tirer 500 copies. Les 500 premiers arrivés à la soirée avaient la cassette. Cette nuit-là était splendide, on a eu notre record de participants, environ 700 personnes (Il y avait même Rockfour qui ont joué en live ! Un groupe de rock psyché Israélien - aujourd’hui légendaire). La pochette a été faite par un ami KaryBen-Yehuda et moi-même. Puis nous avons dû plier la pochette une bonne 500e de fois !

V : Et avez-vous tenté de créer quelque chose de similaire à Tel Aviv ou ailleurs ?

 

B : En effet, j’ai créé quelque chose de semblable en 1998, lorsque je vivais à Londres, puis il y a eu les soirées “FLAME”. Cette fois-ci, j’ai ramené le son de Londres à Tel Aviv, c’était plus électrique mélangé à beaucoup de Glam rock. J’ai fait DJ pendant presque 20 ans. Après les soirées FLAME, j’ai surtout fait des galeries, des pubs et des boîtes de nuit. J’ai arrêté de faire le DJ en 2014, quand je suis parti de mon pub, le Corduroy.

V : D’après vous, qu’est ce qui a tué les Glory Nights ?
 

B : Ce qui a tué les Glory Nights ? Tu peux avoir une réponse en mettant côte à côte les deux albums de Blur, celui de 1995 et celui de 1997. “The Great Escape” date d’avant les nouveaux médias et internet, très Mod, bien taillé, pop et euphorique. L’album éponyme “Blur” en revanche est plus Grunge, c’est autre chose, après la brit-pop. L’air du temps avait changé. Le Mod revival n’était plus à la mode alors nous avions perdu un peu de public.
Il est arrivé la même chose 10 ans plus tard, quand la dubstep a tué la mode indé des années 2000.
 

Comme si tout ça ne suffisait pas, mes partenaires et moi étions comme un groupe, avec toutes les implications d’un groupe. L’un d’eux est parti car il n’avait plus le cœur à ça, et le patron du club avait ses problèmes de dettes. Tu sais, c’est le principe d’une scène, c’est toujours éphémère.

V : Quand Israël s’est déchiré et que vous avez vu beaucoup de vos amis fuir le pays, vous n’avez jamais pensé à les suivre, partir vous aussi ?

 

B : J’ai vécu à Londres de 1997 à 1998. Un autre rêve devenu réalité. J’y ai vu Billy Childish (Headcoats) plusieurs fois, mais aussi Suicide, Gary Valentine, Fred Sonic Smith, the Flaming Stars, Sexton Ming et beaucoup d’autres. Le futur paraissait lumineux : je me suis marié avec ma petite amie Anglaise, j’ai commencé à étudier le montage vidéo, j’ai pu avoir la nationalité Anglaise… et puis j’ai eu le mal du pays. J’ai senti que je devais retourner vivre à Tel Aviv et étudier le cinéma en Hébreux. Alors j’y suis retourné, et je ne suis plus jamais reparti haha !

Val : Etiez vous toujours journaliste en Angleterre ? J’imagine que vous n’avez aucun regret. “On n’est jamais mieux que chez soi", pas vrai ? Avez-vous acheté deux tickets de retour ?

 

B : Lorsque j’étais en Angleterre, j’ai travaillé au vestiaire dans une boîte de nuit appelé “The Cobden Club”. Je suis devenu journaliste seulement 3 ans plus tard. Ma vie en Angleterre peut être séparée en deux chapitres : avant et après l’Hiver. Aussi, ma femme travaillait plus que moi, alors je passais le plus clair de mon temps dans les sous-sols des disquaires, à acheter des perles rares et pas chères. J’avais aussi quelques amis de Tel Aviv qui étaient à Londres (Shy Nobleman, le chanteur-compositeur, qui est toujours un bon ami). J’avais aussi un très bon ami Anglais, Leigh Wildman de “The Seers”, qui avait un beau magasin à Euston Square appelé Delta of Venus. Bien qu’ayant ma femme, je me sentais seul.

 

En mai 1998, j’ai acheté deux tickets pour Tel Aviv. Nous avons divorcé en 2001 et elle est repartie à Londres. Aujourd’hui, elle rencontre un certain succès en tant qu’artiste, son nom est Tai Shani. On peut la voir dans Tomorrow’s Gone lors de plans des Glory Nights en 8mm, c’est la fille avec les franges. Alors non, je ne regrette absolument rien. J’en avais peut-être il y a 10 ans, mais plus aujourd’hui. Maintenant, j’ai ma Dorin, et c’est la bonne. C’est elle qu’on peut entendre dans “Charlie’s Farewell”.

V : Comment avez-vous commencé le journalisme ? Avez-vous fait des études dans le domaine, ou était-ce plutôt “être au bon endroit au bon moment” ?

 

B : Ma carrière journalistique a mis du temps à éclore. En 2001, c’était Nitzan Horesh de Cnaque/Pop, Electra and the Cut Out Club qui éditait un magazine de sport. Moi, j'avais toutes ces connaissances sur le football des années 80 alors il m’a donné une chance et laissé écrire des articles. C’est seulement en 2004 à 30 ans que je suis devenu un journaliste de rock à plein temps. Cette fois, c’était grâce à un ami musicien avec qui on parlait beaucoup musique.
Alors oui, c’était plus une question d’être “au bon endroit au bon moment”. C’était aussi un moyen pour moi de faire quelque chose de ma passion pour la musique et le Rock’n’roll, après que la fin des Glory Nights ait laissé place à la phobie de la scène et des crises de panique.

V : En parlant de ça, 3 ou 4 ans, c’est une grande crise post-Glory Nights. Donc cette opportunité d’écrire sur la musique vous a en quelque sorte sauvé la vie ? 

 

B : Oui, je crois qu’on peut dire qu’écrire sur la musique m’a redonné un but et probablement sauvé. J’ai fait DJ à Londres aussi, une fois, dans une soirée squat très cool à Finsbury Park, avec toute la scène “Kitch Bitch” de ces temps-là. (The Kitch Bitch étaient des soirées vraiment à la sauvage à Highbury land Islington en 1997-1999 si je me souviens bien). Les crises de panique étaient en dehors des soirées, surtout. Ça a commencé en 1997 à la suite d’un mélange foireux d’acide et de mauvaise ecstasy (Ne fait pas ça haha !). Ensuite, je suis parti vivre à Londres, et tu sais aussi bien que moi que quand l’hiver arrive là-bas, le froid peut être difficilement supportable. Sans doute beaucoup trop pour le jeune homme fragile que j’étais à ce moment-là.

 

C’était un double challenge, mes amis et ma famille à Tel Aviv me manquaient beaucoup et j’avais dans l’idée d’aller faire des études de cinéma immédiatement à mon arrivée au pays. Et c’est ce que j’ai fait. J’avais même un ticket pour un concert des Cramps à Londres, Astoria ! (Le Big Beat from Badsville tour), mais j’ai dû prendre mon billet de retour et je suis parti. Je ne pouvais pas rester deux semaines de plus. Ce cirque a duré jusqu’en 2001 environ, même après mon retour à Tel Aviv. Ces crises, c’était aussi la raison pour laquelle Charlie et moi n’avons jamais joué en live avec Les Lost Boys, c’était Charlie en solo.

V : J’imagine que retourner vers vos proches vous a été bénéfique. Mais comment avez-vous guéri de ce mauvais mélange d’ecsta/acide ? 

 

B : Eh bien, comme l’a écrit l’un de mes héros, Peter Hammill : “Time Heals”. Après trois ou quatre ans, alors que je rencontrais de nouvelles personnes, que je tournais la page, j’ai enfin retrouvé mon équilibre. Et je n’ai jamais repris d'acide. Je me suis juré que si je voulais vivre, je ne pourrais pas me permettre de m’infliger ça de nouveau. Mars 1997 a été mon dernier trip d'acide. Oui je sais, c’est “la meilleure drogue qui soit” mais elle peut être aussi vraiment dangereuse. Ecstasy ? Et bien je pense qu’une fois de temps en temps, ça peut être une expérience très saine pour l’esprit. La dernière fois que j’en ai pris c’était il y a six ans, et je suis toujours ok avec ça, du moment que ce soit au bon moment, au bon endroit.

V : Est-ce qu' être journaliste musical aujourd’hui est différent qu’à l’époque ? Le métier à dû être fortement impacté par tous les nouveaux médias ?

 

B : je pense que c’est totalement différent aujourd’hui.  Mais qu’est-ce qu’on peut y faire ? Les choses évoluent, c’est comme ça. Le plus gros changement est qu’aujourd’hui, plus personne n’a besoin de journaliste musical à plein temps. Avant l’ère de Facebook et des nouveaux médias. Maintenant que tu as des trillions de vlogs et de blogs, le journalisme rock n’est plus vraiment une profession. C’est triste, mais c’est la vérité, on doit faire avec !

V : Vous avez documenté quelques performances live de Gabriel (notamment dans les années 2000 avec Hefker Girl), avez-vous prévu de les rendre publiques un jour ?

 

B : Ça pourrait être une idée effectivement. Mais aujourd’hui, je pense plus à la distribution de Tomorrow’s Gone.

V : Y a-t-il des enregistrements de Cnaque/Pop, Neils and Flashlights ou Les Lost Boys disponibles quelque part ?

 

B : Cnaque/Pop a un album dispo sur Bandcamp et spotify ! 

On l’a enregistré en 2014 avec trois concerts comeback, on a joué tous les morceaux, c’était génial.

Avec Les lost Boys, on avait trois chansons. “Yesterday, today and tomorrow”, sur laquelle j’ai aidé Charlie avec les arrangements à la guitare, “Pink World”, qui a été perdue. Je l’ai re-enregistrée sur Headless Elvis. Le troisième morceau s'appelait “Kiss me again, even the rats are doing it”. Charlie la jouait dans ses premiers concerts en solo, mais les enregistrements ont été perdus. Ensuite, on s’entraînait à écrire d’autres morceaux qui sont devenus le premier album de Charlie (Rasco). Mais je lui ai laissé la place, j’ai senti que c’était son moment à lui.

 

Nails and Flashlights était un projet expérimental en duo avec l’artiste Len Buchman. On avait un morceau qui s'appelait “PR” sur Myspace haha. Je la mettrais bientôt sur youtube.

 

 

 

 

"Le Rock'n'roll est avant toute chose

trouver son propre rythme"

 

V : Comment avec vous conçu la bande originale de Tomorrow’s Gone ? Avez-vous écrit la musique, ou était-ce plus spontané ?

 

B : Plus par instinct. Si je devais me mettre une étiquette, ce serait plus “artiste” que “musicien”. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas travaillé dur. L’effort est plus dans la partie psychologique et mentale, la capacité à se concentrer et croire à ce qu’on fait pour y arriver. Je ne suis pas guitariste, j’utilise la guitare, c’est différent. Charlie, lui, était un incroyable guitariste. Niveau guitare, je n’avais clairement pas son niveau, mais si je pratique beaucoup et me dit que je peux y arriver, alors ça peut marcher., comme sur le morceau Pink World je pense. Mais au-delà de ça, certaines pistes de la bande originale ont été faites de manière totalement instinctive. Je ne suis ni claviériste, ni batteur. Pourtant, j’ai utilisé un Korg sur pas mal de morceaux, et j’ai fait un peu de batterie ici et là, dans un style à la Neo-Folk (Death in June). Quand je suis devant mon synthétiseur Korg, je pense à tous ces enregistrements de Tangerine Dream, Spectrum etc… ça m’a beaucoup inspiré.

V : Est-ce que vous pensez produire plus de musique après vous être plongé dans la BO de Tomorrow’s Gone ? Cela a dû raviver une envie de composer de nouvelles chansons ?

 

B : Pour le moment, rien de concret, mais ça a effectivement ravivé l’envie de composer de nouvelles choses, je suis sûr que j’y reviendrai. Je suis moins sûr de quand en revanche, je pense que mon prochain documentaire arrivera avant haha ! Dans tous les cas, je vais sortir tout ce que j’ai enregistré pour Tomorrow’s Gone ainsi que toutes les outtakes sous le nom de ZICO, l’album s'appelle “Headless Elvis”.

V : Mr.Goldberg, vous avez posé la question à Charlie Megira, aujourd’hui c’est moi qui vous la pose. Quel est le but du Rock’n’roll ?

 

B : C’est une question de trouver son propre rythme, tu vois ? Le Rock’n’roll est comme voyager dans le temps. T’écoutes Charlie Megira et tu as 25 ans. Je pense que tes héros sont ceux avec qui tu voudrais être ami. Par exemple, je suis sûr que j’aurais été ami avec Nikki Sudden, dans une réalité alternative. Mais avec Charlie Megira, j’avais un aperçu très spécial, une histoire unique : Il a été au départ mon ami, et maintenant il est au même niveau que mes héros comme Johnny Thunders, Lou Reed, Dan Treacy etc… Le but du Rock’n’roll est de vivre dans une histoire sans fin, et de toujours réfléchir à son sens.

 

A mes yeux, c’est Dieu. Je ne crois pas avoir quoi que ce soit de plus important que ça, mis à part ma famille, bien sûr. Je crois qu’on le voit dans le film. C’est un film sur le voyage d’un esprit, et pas seulement celui de Charlie mais le mien aussi, et la manière dont Charlie l’a affecté. Ce qui en fait pour moi le film ultime Charlie Megira. Charlie parlait toujours d’adopter son propre rythme. Je suis heureux que ce projet m’ait pris tant d’années. Tout ce temps m’a permis de trouver mon rythme en tant que rockeur, musicien, conteur et en tant qu’ami de Charlie.

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Boaz Goldberg

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"The Shnek" poster

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Syd Barrett in Pink Floyd

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Rami Fortis

Tales From the Box (1988)

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Television Personalities,

Singles 1978 - 1989

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Branko Segota,

San Diego Sockers

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The Seeds (1966)

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Blur - The Great Escape

(1995)

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Billy Childish with Headcoats

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A girl dancing during

one of the Glory Nights

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Peter Hammill,

"Over" (1977)

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Zico - Headless Elvis (2020)

Tomorrow's Gone soundtrack

The last performance of Charlie Megira3.
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